Meurtre dans un jardin anglais
(THE DRAUGHTSMAN’S CONTRACT)
1982 – Grande-Bretagne
Fiche technique
Réalisé par Peter Greenaway
Scénario de Peter Greenaway
Musique de Michael Nyman
Avec Anthony Higgins, Janet Suzman, Anne-Louise Lambert, Hugh Fraser
Durée : 1h43
Synospis :
À la fin du XVIIe siècle en Angleterre, Mrs. Herbert, aristocrate d’âge mûr, demande à Mr. Neville, un paysagiste réputé, d’effectuer douze dessins du domaine de son mari. En contrepartie, elle s’engage à laisser l’artiste jouir de ses faveurs. Intrigué, le dessinateur accepte et part pour quelques jours dans le manoir situé au milieu de jardins magnifiques. Croquis après croquis, il se rend compte que certaines éléments du paysage changent de place et ces mystérieux évènements débouchent sur la découverte d’un meurtre.
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Contexte historique
Les événements qui ont lieu chez M. de Neville se déroulent en 1694, année qui vit s’éteindre la reine Marie II d’Angleterre et monter sur le trône qui Guillaume III à la suite de la “Glorieuse révolution” et de la rédaction de la Déclaration des droits (le fameux Bill of rights). A la fois jouet de mécènes capricieux et spectateur cynique manipulateur, le peintre a alors une place ambiguë et centrale dans un monde de la Noblesse rurale présentée comme décadente et arriérée derrière son ostentatoire opulence, une catégorie sociale dominante profondément vaniteuse et obsédée par l’image qu’elle souhaite donner d’elle-même. Tout de noir vêtu dans une mode dominée par le blanc, M. Neville est ainsi une sorte de miroir inversé des dignitaires fantasques qu’il a pour mission d’immortaliser sur le papier.
Contexte de production
Ancien élève du Walthamstow College of Art, Peter Greenaway a fait de l’Histoire de l’Art le fil directeur de sa filmographie, des toiles de Rembrandt dans La ronde de nuit (2008) à Goltzius et la compagnie du pélican (2012) en passant par l’exploration de l’architecture romaine dans Le ventre de l’architecte (1987). Pour sa recréation de la vie aristocratique dans la campagne anglaise du XVIIème siècle, le réalisateur est allé puiser son inspiration dans les atmosphères bucoliques de la peinture paysagiste britannique. Des couleurs pastel et tendres des jardins aux clairs-obscures éclairés à la bougie (en particulier, dans la scène d’ouverture dont la beauté n’est pas sans rappeler la célèbre scène du jeu de cartes de Barry Lyndon de Stanley Kubrick), ce plasticien s’attache à reconstituer l’univers visuel de l’époque, composant son cadre comme le ferait le personnage principal du film et opérant ainsi une véritable mise en abîme. Mais, au-delà du formalisme esthétique à contre courant de l’esprit “contre-culture” qui caractérise le début des années 80, c’est le statut de l’artiste sous la monarchie anglaise et de son rapport aux puissants que le réalisateur interroge.