Glory
1989 – Etats-Unis
Fiche technique
Réalisé par Edward Zwick
Scénario de Kevin Jarre, d’après les livres “Lay This Laurel” de Lincoln Kirstein, “One Gallant Rush” de Peter Burchard et les lettres de Robert Gould Shaw
Musique de James Horner
Avec Morgan Freeman, Denzel Washington, Matthew Broderick, Cary Elwes
Durée : 2h05
Synospis :
1862. En pleine Guerre de Sécession, le jeune colonel nordiste John Gould Shaw perd une grande partie de ses effectifs lors de la sanglante bataille d’Antietam. Il reçoit alors la mission de former à la discipline miliaire et de rendre opérationnel le tout premier bataillon de soldats noirs volontaires pour se battre pour l’émancipation de leurs frères du Sud. Décidé à démontrer la valeur et la bravoure de ces anciens esclaves affranchis, Shaw obtient de pouvoir prendre part aux combats sur le front. A la tête du 54ème Régiment du Massachusetts, il doit s’emparer de Fort Wagner, grande place forte de Caroline du Sud, mais la victoire est obtenue au prix de lourdes pertes humaines.
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Contexte historique
La création, en mars 1863 – soit en pleine Guerre de Sécession – du 54ème Régiment du Massachussets répond autant à une volonté d’Abraham Lincoln de permettre aux anciens esclaves et hommes de couleurs de participer militairement au combat abolitionniste aux côtés de l’Union que de pallier à la réticence d’une grande partie de la population du Nord vis à vis de la conscription. Il n’en reste pas moins que ce premier et hautement symbolique régiment composé d’Afro-américains fut à l’origine de faits d’armes parmi les plus héroïques du conflit comme la prise de Fort Wagner et préfigure les “Buffalo soldiers”.
Contexte de production
S’appuyant sur le témoignage exceptionnel d’un officier nordiste relatant l’incroyable, héroïque et tragique histoire des faits d’armes du 54ème Régiment d’infanterie du Massachussets, Glory a été salué pour la qualité et la rigueur de sa reconstitution des batailles fratricides et sanguinaires de la Guerre de Sécession. Si le film tranche par son réalisme avec les fresques romantiques et généralement littéraires proposées jusque là par le Cinéma et la Télévision, c’est surtout à l’originalité de son sujet que cette ambitieuse production doit sa renommée et sa légitime consécration. En se concentrant sur l’Histoire méconnue des premiers régiments “noirs” de l’armée américaine, Edward Zwick affronte à bras le corps la question de la participation directe des anciens esclaves à leur émancipation. A sa manière, le film relance le débat sur la place des afro-descendants dans l’historiographie nationale et, plus généralement, de la représentativité de cette communauté au sein de la société politique et culturelle américaine.
Que Glory ait vu le jour en 1989 n’est d’ailleurs pas un hasard ! L’écho incroyable rencontré par le film à sa sortie (3 Oscars, un Golden Globe pour Denzel Washington et un Grammy Award pour la musique de James Horner) s’explique également par le contexte social de l’époque. Cette reconnaissance tardive du rôle joué par les esclaves affranchis dans la victoire de l’Union sur les confédérés intervient au moment où la communauté noire américaine continue à revendiquer avec force son identité et son Histoire après plusieurs décennies de luttes pour les droits civiques. Avec le déclin progressif du conservatisme reaganien, un classe moyenne de plus en plus influente est parvenue à s’imposer et la fin des années 80 voit l’émergence d’une nouvelle génération de réalisateurs, autour de grands noms comme Spike Lee ou Mario Van Peebles, qui va contribuer à interroger et à bousculer l’identité de cette minorité devenue un élément incontournable des Etats-Unis. Nul doute que Glory ait participé à cette lente évolution des mentalités.