French Cancan
1954 – France
Fiche technique
Réalisé par Jean Renoir
Scénario de Jean Renoir et André-Paul Antoine
Musique de Georges Van Parys
Avec Jean Gabin, Françoise Arnoul, Maria Felix, Giani Esposito
Durée : 1h48
Synospis :
Paris, fin du XIXème siècle. Directeur du Paravent Chinois, un cabaret à Montmartre dont sa maîtresse surnommée “la Belle Abbesse” est la vedette, Henri Danglard est un entrepreneur de spectacle sur le déclin. Criblé de dettes, il cherche une idée qui pourra lui permettre de relancer sa carrière. Au cours d’une promenade aux pieds de la Butte Montmartre, il remarque Nini, une petite blanchisseuse dont il pressent les qualités de danseuse. Il en tombe rapidement amoureux et veut faire d’elle la reine de son nouveau projet d’ouverture de salle de music-hall. A la suite d’une altercation avec Walter, le généreux commanditaire du Paravent Chinois, provoquée par l’intérêt que Danglard porte à Nini, Walter retire ses capitaux de l’affaire. Ruiné, Danglard décide de tenter le tout pour le tout et rachete un vieil immeuble en ruine pour le transformer en une somptueuse salle de spectacle destinée à accueillir le tout Paris autour de numéros de cabaret et de chansons agrémentés du meilleur Champagne de la capitale. Comme attraction incontournable, il imagine de remettre à la mode une ancienne danse, le cancan, rebaptisée pour l’occasion «French Cancan» dont Nini sera la maîtresse de revue. Malgré les créanciers qui le harcèlent et la jalousie de son ancienne maîtresse, Danglard réussit son pari : le Moulin rouge vient d’entrer dans la légende.
© Gaumont – Tous droits réservés
Contexte historique
S’inspirant de l’histoire de la création du célèbre Moulin rouge, symbole du Paris mondain de la Belle époque, French Cancan brosse le portrait d’une société en mutation à l’orée d’un nouveau siècle prometteur. Période de paix marquée par le progrès industriel, le passage du XIXème au XXème siècle voit l’essor des cabarets et autres nouveaux lieux de divertissement dont la Butte Montmartre, avec son ambiance bucolique de village, est le quartier de prédilection. Les élites bourgeoises, blasées et focalisées sur le développement économique et les nouvelles perspectives offertes par l’exploitation des colonies, investissent les quartiers plus paupérisées pour s’encanailler. Élégants messieurs et dames en chapeaux côtoient ouvriers, petits artisans et prostituées pour communier dans la fête, la musique et la danse. La “success story” de Danglard est emblématique de ses entreprises de spectacles qui fleurissent sur les boulevards ou en périphérie et contribuent à renforcer le bouillonnement culturel et artistique de la capitale, favorisant le développement d’une culture populaire, en particulier le “music-hall” et les revues. Pour l’écriture de son scénario, Jean Renoir s’est inspiré de la vie de Charles Zidler, homme d’affaire et amateur de femmes, à l’origine de la création du Moulin rouge et de l’incontournable “French Cancan”, nouvelle danse inspirée du Quadrille ou « chahut » exécutée sur un rythme endiablé par des danseuses aux costumes affriolants.
Contexte de production
Quatrième collaboration de Jean Gabin avec Jean Renoir après Les Bas-fonds (1936), La grande illusion (1937) et La bête humaine (1938), French Cancan devait marquer le retour en France de Jean Renoir, absent du Cinéma français depuis sa parenthèse hollywoodienne durant la Seconde guerre mondiale et ses collaborations avec un 7ème Art italien en pleine renaissance (dont Le Carrosse d’or est l’aboutissement le plus intéressant). Tourné entièrement aux studios de Joinville dans un somptueux Technicolor à une époque où le Noir et blanc est encore en France le procédé le plus répandu, ce film de commande permet au réalisateur de La règle du jeu de poursuivre sa réflexion sur le dialogue difficile mais complémentaire entre les différentes classes sociales. Typique du Cinéma de “Qualité française” des années 50, cette flamboyante évocation de la Belle Époque est un parfait exemple de ces films historiques qui, dix ans après la sombre période de l’Occupation, étaient destinés à proposer une relecture de l’Histoire de France plus optimiste et populaire, depuis les aventures de “Cape et d’épée” avec Jean Marais jusqu’aux adaptations littéraires avec Gérard Philippe.
Anecdotes
Pour définir l’esthétique et la palette chromatique de sa reconstitution du Paris ouvrier de la fin du XIXème siècle, Jean Renoir a puisé son inspiration dans la Peinture impressionniste. On retrouve ainsi l’atmosphère endiablée des coulisses des tableaux de Toulouse-Lautrec ou les rues parisiennes de Claude Monet mais surtout les scènes de vie quotidienne des gens simples qui rendent unique l’œuvre de son père, Auguste Renoir. Des guinguettes de La danse à Bougival ou du Moulin de la Galette à la poétique nudité de la jeune fille prenant son bain dans la toile Après le bain, Renoir fils se nourrit de l’œuvre de son père pour plonger le spectateur dans l’intimité de la population bigarrée et pittoresque qui anime la Butte Montmartre.