EN ANGLETERRE OCCUPEE
(IT HAPPENED HERE)
1965 – Grande-Bretagne
Fiche technique
Réalisé par Kevin Brownlow et Andrew Mollo
Scénario de Kevin Brownlow et Andrew Mollo
Avec Pauline Murray, Sebastian Shaw, Bart Allison, Reginald Marsh
Durée : 1h35
Synospis :
Londres, 1940. Après la débâcle de Dunkerque et la défaite de la R.A.F. pendant la “Bataille d’Angleterre”, les troupes allemandes victorieuses ont débarqué en Grande-Bretagne et occupent le Royaume-Uni dans les mêmes conditions que celles en vigueur en Europe sous la domination nazie. L’Angleterre est désormais administrée par un gouvernement collaborationniste, le “British Union of Fachists” dirigé par Oswald Mosley et ses chemises noires dont l’insigne est un éclair dans un cercle. Parallèlement, une résistance s’organise, soutenue par les États-Unis qui fournissent armes et renseignement.
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Contexte historique
En Angleterre occupée est l’un des plus anciens et parfaits exemples d’”uchronie cinématographique”, une œuvre pionnière et une source inépuisable d’inspiration pour ce sous-genre rare mais passionnant. Au croisement du Film historique, de l’essai politique et du Film d’anticipation, cet objet filmique à l’esthétique para-documentaire repose sur une interrogation simple : que ce serait-il passé pour la Grande-Bretagne si l’Allemagne avait gagné la Guerre ? A partir de cette hypothèse de départ, Kevin Brownlow et Andrew Mollo imaginent un Passé alternatif en pratiquant un incroyable et audacieux exercice de politique-fiction. La grande réussite du film est de mêler astucieusement bandes d’archives et scène tournées pour l’occasion. Le récit oppose ainsi la grandiloquence de la grammaire visuelle en vigueur dans les actualités de la Deutsche Wochenschau (la propagande allemande) ou les documentaires de Leni Riefensthal à la mise en scène “typically Bristish” caractéristique du 7ème Art britannique de la fin des années 50.
Contexte de production
En plein cœur des Trente glorieuses et au moment où la culture britannique atteint des sommets de popularité à travers le monde, ces deux jeunes étudiants en Cinéma replongent leur public dans une période sombre de l’Histoire récente du Royaume-Uni en réveillant, vingt ans plus tard, les fantômes des Années noires. Au-delà d’un brillant exercice de style et de la prouesse artistique, le projet de Brownlow et Mollo n’est sans doute pas étranger au contexte politique de l’époque et la figure centrale d’Oswald Mosley dans le film prend tout son sens lorsque l’on se souvient de la tentative de retour sur la scène publique de ce personnage trouble, fondateur du BUF (le Parti fasciste anglais) en 1932 et emprisonné pendant la Guerre pour son activisme pro-nazi. Le retentissement du discours prononcé à Oxford en 1960 par ce chantre de l’Extrême-droite exilé en France depuis la fin du conflit mondial fut sans doute une motivation supplémentaire pour ces deux passionnés de Cinéma de mettre en scène les conséquences dramatiques pour les libertés et la vie quotidienne d’une politique active de collaboration avec le IIIème Reich. Ce parti pris contextuel leur permet ainsi d’illustrer, démonstration à l’appui, les aberrations des mesures qu’aurait pu instaurer Mosley s’il avait pu s’emparer du pouvoir avec le soutien de l’occupant. A l’opposé, l’évolution du personnage de Pauline, passant de opportunisme naïf au doute puis à la résistance, est finalement la réponse optimiste des réalisateurs.