Lumière pâle sur les collines

(Tōi Yama-nami No Hikari)

Japon/Grande-Bretagne/Pologne

Réalisé par Kei Ishikawa

Avec Suzu Hirose, Fumi Nikaidô, Yoh Yoshida

D’après le roman de Kazuo Ishiguro

Durée : 2h03

Royaume-Uni, 1982. Une jeune anglo-japonaise entreprend d’écrire un livre sur la vie de sa mère, Etsuko, marquée par les années d’après-guerre à Nagasaki et hantée par le suicide de sa fille aînée. Etsuko commence le récit de ses souvenirs trente ans plus tôt, lors de sa première grossesse, quand elle se lia d’amitié avec la plus solitaire de ses voisines, Sachiko, une jeune veuve qui élevait seule sa fille. Au fil des discussions, l’écrivaine remarque une certaine discordance dans les souvenirs de sa mère… les fantômes de son passé semblent toujours là – silencieux, mais tenaces.

"Lumière pâle sur les collines" de Kei Ishikawa

Pour son quatrième film, Kei Ishikawa adapte le roman d’inspiration autobiographique de Kazuo Ishiguro, auteur anglo-japonais du célèbre Les vestiges du jour et Prix Nobel de Littérature en 2017. A travers les récits intimes et la découverte des secrets du couple parental de la narratrice, c’est toute la résilience de la société japonaise d’après-guerre qui se fait jour. Le film montre les traumatismes psychologiques et matériels subits par les survivants de la bombe atomique larguée sur Nagasaki par l’U.S. Air Force le 9 août 1945 mais témoigne également et surtout de la volonté de dépassement et de reconstruction de la société nippone à l’issue de la Seconde guerre mondiale. Le cinéaste met ainsi en scène une identité japonaise tiraillée entre tradition insulaire et modernité occidentale dans laquelle les individus peinent à trouver leur place. Fiction psychologique autant que fresque sociale, Lumière pâle sur la colline s’inscrit dans la tradition des films narrant le destin du Japon au lendemain de sa capitulation comme Les enfants de Mac Arthur de Masahiroi Shinoda (1984), Pluie noire de Nagisa Oshima (1989) ou Le tombeau des lucioles d’Isao Takahata (1996). Plus largement, le film interroge également le spectateur sur les conditions d’une transmission de la mémoire familiale et sa collusion avec la grande Histoire.