Libertate

Depuis plusieurs années, le Cinéma roumain a entrepris une exploration critique de son Histoire contemporaine et, en particulier, de la Révolution de 1989 qui vit la chute de Nicolae Ceausescu et de son système autocratique. Après 12h08 à l’Est de Bucarest de Corneliu Porumboiu (2006), Le papier sera bleu de Radu Muntean (2006) et, plus récemment, Ce nouvel an qui n’est jamais arrivé de Bogdan Milesanu (2025), Libertate de Tudor Giurgiu lève le voile sur un épisode tragique et sanglant du changement de régime : le massacre de Sibiu, petite ville de Transylvanie, au cours duquel plus de 550 roumains accusés d’être des fidèles de l’ancien dictateur ou des officiers en fuite de la Securitate (ses terribles services secrets) ont été sommairement rassemblés et exécutés dans le bassin désaffecté d’une piscine. A travers ce récit tourné caméra sur l’épaule mêlant témoignage et thriller nerveux, le cinéaste reconstitue l’incertitude et le chaos qui suivirent l’exécution du despote et de son épouse à l’issue d’une parodie de procès intenté par le nouveau pouvoir en mal de légitimité. Dressant un constat amer de cette transition politique réalisée dans et par la violence, Tudor Giurgiu met en scène les retournement des militaires passant d’une allégeance à l’autre, soulignant les contradictions et les excès de toute mécanique révolutionnaire, généralement ferments de guerre civile.