Freud, la dernière confession

A l’âge de 82 ans, Sigmund Freud décide de fuir l’Autriche et l’antisémitisme nazi à la suite de l’Anschluss de 1938 et de s’exiler à Londres avec son épouse Martha, leur fille cadette Anna, et leur gouvernante avec le soutien de la psychanalyste Marie Bonaparte. Ces derniers mois de l’exil londonien du père de la Psychanalyse sont la toile de fond de cette adaptation de la pièce de théâtre de Mark St. Germain elle-même basée sur le livre The Question of God d’Armand Nicholi mettant en scène la rencontre fictive entre l’écrivain C. S. Lewis et Sigmund Freud à la fin des années 1930. Alors que le monde retient son souffle, que s’apprête à éclater la Seconde guerre mondiale et que remontent en masse les traumatismes du précédent conflit, cette rencontre entre le célèbre neurologue autrichien et l’auteur des Chroniques de Narnia, professeur à Oxford et ami de J. R. R. Tolkien, se transforme en passionnante réflexion sur le sens de l’Histoire et l’existence de Dieu. Après Les Kennedy, sa mini-série diffusée en 2011, Matthew Brown met ainsi en scène la confrontation entre deux géants de la pensée du XXème siècle, leurs visions si divergentes de l’Athéisme et de la Foi, à travers leurs débats relatifs à l’apologetique du Christianisme et aux théories freudiennes. Mais au-delà de ce mythique (bien qu’imaginaire) affrontement intellectuel, c’est un véritable et stimulant conflit de génération que nous laisse entrevoir le réalisateur britannique ce portrait crépusculaire du grand théoricien de l’Inconscient. A la suite de Montgomery Clift dans Freud, passions secrètes de John Huston en 1962, Alan Arkin dans l’étonnant Sherlock Holmes attaque l’Orient Express de Herbert Ross en 1976 et Viggo Mortensen dans A dangerous method de David Cronenberg en 2010, Anthony Hopkins campe un Freud aussi touchant qu’introspectif.