Deux procureurs

(Zwei Staatsanwälte)

Allemagne/France/Lettonie/Lituanie/Pays-Bas/Roumanie

Réalisé par Sergei Loznitsa

Avec Avec Aleksandr Kuznetsov, Aleksandr Filippenko, Anatoliy Belyy

Durée : 1h58

Union Soviétique, 1937. Des milliers de lettres de détenus accusés à tort par le régime sont brûlées dans une cellule de prison. Contre toute attente, l’une d’entre elles arrive à destination, sur le bureau du procureur local fraîchement nommé, Alexander Kornev. Il se démène pour rencontrer le prisonnier, victime d’agents de la police secrète, la NKVD. Bolchévique chevronné et intègre, le jeune procureur croit à un dysfonctionnement. Sa quête de justice le conduira jusqu’au bureau du procureur général à Moscou. A l’heure des grandes purges staliniennes, c’est la plongée d’un homme dans un régime totalitaire qui ne dit pas son nom.

S’éloignant pour un temps de sa fresque cinématographique consacrée à l’Histoire de l’Ukraine aux XXème et XXIème siècles (dont Donbass en 2018 et Babi Yar Contexte en 2021 sont les plus passionnants épisodes), Sergeï Loznitsa se penche sur les grandes purges staliniennes qui ébranlèrent l’Union soviétique à partir de la tenue des procès de Moscou en 1936 et débouchèrent sur la Grande terreur qui fit plus de deux millions de victimes. Avec Deux procureurs, le réalisateur adapte le roman éponyme de Gueorgui Demidov, physicien russe déporté au Goulag et célèbre pour ses nouvelles et ses récits racontant la répression de masse mise en place par Staline. A travers le récit initiatique de ce jeune procureur de Briansk témoin des abus du NKVD (le Commissariat du peuple aux affaires intérieures), le cinéaste ukrainien décortique les rouages de la machine de répression stalinienne : dénonciations anonymes, arrestations arbitraires, emprise de la police secrète du régime sur la population, manipulation des masses et corruption du système judiciaire. Cette analyse du totalitarisme étatique était d’ailleurs déjà présente dans Le procès, son documentaire sorti en 2018 sur le destin tragique de deux scientifiques condamnés pour des raisons politiques par une Justice manipulée par le Kremlin. Plus largement, le film s’inscrit dans la lignée des évocations cinématographiques de la terrible répression stalinienne de la fin des années 30 parmi lesquelles on peut citer Soleil trompeur de Nikita Mikhalkov (1994), Les Chemins de la liberté de Peter Weir (2010), L’Ombre de Staline d’Agnieszka Holland ou Le capitaine Volkonogov s’est échappé de Natalia Merkoulova et Alexeï Tchoupov (2021).