In memoriam
Robert REDFORD
(1936-2025)
FILMOGRAPHIE “HISTORIQUE” :
En tant qu’acteur :
1962 : La guerre est aussi une chasse de Denis Sanders
En tant que réalisateur :
2000 : La légende de Bagger Vance

Séducteur devant l’Eternel, gendre idéal, citoyen du monde engagé et progressiste, Robert Redford incarna l’élégance et l’indépendance artistique au coeur d’un Cinéma américain en transition entre le vieux monde des studios de légende et l’esthétique renouvelée du « Nouvel Hollywood ». Des Trois jours du Condor de Sidney Pollack (1975) à L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux qu’il réalisa lui-même en 1998, il contribua à façonner l’idéal masculin et finit par devenir une véritable icône glamour du 7ème Art.
Après des débuts remarqués à la Télévision dans des séries comme Maverick ou Alfred Hitchcock présente, le Cinéma historique va lui offrir certains de ses plus beaux rôles. De fait, c’est avec des portraits de pionniers, d’hommes de l’Ouest, que Redford connaît ses premiers grands succès au box-office avec des films comme Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill en 1969 (dans lequel il forme un mythique duo de marginaux avec Paul Newman) et Jeremiah Johnson de Sidney Pollack en 1972 (dans lequel il incarne un trappeur fuyant la civilisation et la modernité du XIXème siècle). On le retrouve aux côtés de Paul Newman et les cartes en mains dans le New York des années 30 à l’affiche du cultissime L’arnaque de George Roy Hill (1973) ou en vieux joueur opposé au dictateur cubain Fulgenico Batista dans Havana de Sidney Pollack (1991). On le découvre également en soldat, en as des as aux commandes d’un biplan de la Première guerre mondiale dans La kermesse des aigles de George Roy Hill (1975) ou en commandant de l’US Army traversant le Waal en barque pendant la bataille d’Arnhem en 1944 dans Un pont trop loin de Richard Attenborough (1977).
Son goût pour l’Histoire va également guider ses choix lors de ses passages derrière la caméra. Robert Redford réalisateur se fait ainsi le peintre du roman national américain de la Guerre de Sécession à l' »American way of life » des Trente glorieuses, brossant un portrait de l’Amérique en 4 époques emblématiques : la résilience qui suivit la fin de la guerre civile et l’assassinat d’Abraham Lincoln dans La conspiration (2010), la transmission familiale et terrienne dans le Montana du début du XXème siècle dans Et au milieu coule une rivière (1992), les affres de la Grande dépression et ses conséquences sur les familles dans La légende de Bagger Vance (2000) et la folie des premières années de la Télévision dans Quiz show (1994).
Cette liberté de ton demeure sans doute l’un des héritages de Robert Redford à travers le Sundace Festival, célébration du Cinéma indépendant qu’il fonda en 1978 et qui, encore aujourd’hui, est un passage obligé pour tous les cinéastes qui souhaitent prendre leur envol loin des majors aux productions calibrées et commerciales.